PSG et Colony Capital : "what else" ?

Publié le par Mad Marcus

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Le Figaro, dans son édition de samedi, a dressé le bilan de presque quatre années de gestion du Paris Saint-Germain par le fond d’investissement américain Colony Capital. Un bilan peu reluisant puisque, outre des résultats sportifs décevants, le club de la Capitale est financièrement dans le rouge : le déficit, pour la saison en cours, devrait s’élever à 15 millions d’euros, soit 10 de plus que la saison dernière, et les projets de rénovation du Parc des Princes, qui passent nécessairement par l’obtention d’un nouveau bail de la Mairie de Paris, suivi d’un investissement proche de 100 millions d’euros, deviennent de plus en plus incertains.

Face à un déficit qui devient, saison après saison, chronique, l’actionnaire majoritaire du PSG se trouve en effet à la croisée des chemins. Privilégiant, pour le moment, un investissement de fond (en vue de l’obtention de la concession du Parc des Princes) plutôt que des investissements sportifs (l’achat de grands joueurs), Colony Capital en est certainement à se demander si le « jeu en vaut la chandelle », tellement sa politique est incomprise par les supporters parisiens et, surtout, son club est devenu, en l’espace de quelques années, un club quelconque de Ligue 1, à mille lieues de ce qu’il était lors du règne de Canal +.

Le bilan de Colony Capital aux commandes du PSG

Après 15 ans sous la houlette de Canal +, qui a valu au PSG ses succès les plus significatifs (une Coupe d’Europe des vainqueurs de coupes, un Championnat de France, cinq Coupes de France, deux Coupes de la Ligue et deux Trophées des champions de 1991 à 2006), la châine cryptée passe la main, en avril 2006, à un trio d’actionnaires composé de Colony Capital, Butler Capital Partners et la banque Morgan Stanley, pour la coquette somme de 21 millions d’euros.

En juin 2009, le temps de remporter une nouvelle Coupe de la Ligue (2008), Colony Capital devient l’actionnaire ultra-majoritaire du PSG, avec 95,8 % du capital du club. Malheureusement, aujourd’hui, le bilan reste médiocre : un seul titre (mineur) remporté, un fiasco en termes d’images, qui n’est pas sans rappeler l’épisode IMG à Strasbourg, une politique de recrutement hasardeuse, en majeure partie basée sur des stars "sur le retour" (Makélélé, Giuly, Coupet), et des problèmes financiers récurrents.

Quatrième budget de Ligue 1 cette saison, avec 80 millions d’euros (derrière Bordeaux, 81 M€, Marseille, 100 M€, et Lyon, 200 M€), le PSG, éliminé de la Coupe de la Ligue et 11ème au classement de Ligue 1, ne fait plus rêver. Pire, il aura du mal, pour la 3ème saison consécutive, à se qualifier pour une Coupe d’Europe, véritable sésame financier susceptible de masquer un déficit chronique (-12,2 M€ en 2007/2008, -5,4 M€ en 2008/2009 et -15 M€ en 2009/2010).

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En clair, le fond d’investissement américain perd de l’argent avec le Paris Saint-Germain, et personne ne comprends vraiment ce qui l’intéresse dans ce club, hormis sa volonté de prendre possession du Parc des Princes dans le but d’en faire un outil commercial économiquement rentable, assez éloigné de l’aspect purement footballistique.

Du fait de résultats sportifs pour le moins médiocres, et d’un sentiment de désintérêt de l’actionnaire pour recruter de joueurs dignes d’un "grand club", le divorce avec les supporters semble consommé.

C’est dans ce contexte qu’Hervé Bazin, le représentant de Colony Capital, a tenté de rassurer ces supporters dans une "lettre ouverte", communiquée sur le site officiel du club en début de semaine.

Reconnaissant que les résultats du club ne sont pas brillants, il a tenu à combattre l’idée selon laquelle Colony Capital serait venu au club seulement pour « réaliser un coup immobilier avec le Parc des Princes »…

L’objectif est, évidemment, de réaliser des bénéfices, mais la rénovation du Parc des Princes ferait partie de cette stratégie de « long terme ».

Or, là où le bas blesse, c’est que pour réaliser des bénéfices, il est d’abord nécessaire d’apurer les déficits, et, notamment, d’en finir avec une politique salariale démesurée au vu des résultats obtenus. Colony Capital aurait déjà injecté 50 millions d’euros dans le club et, s’il parvient à obtenir la concession du Parc des Princes, prévoit d’insuffler 100 nouveaux millions d’euros pour sa rénovation. Il faudra au préalable retrouver un budget à l’équilibre, et se débarrasser des gros salaires. Et donc continuer à pérenniser le club sans grands coups d’éclats…

Finis les émoluments astronomiques ayant permis d’attirer Claude Makélélé (on parle de 400.000 € nets mensuels), voire de faire revenir un Mateja Kezman (250.000 €) au rendement incertain (pour être gentil…). Très clairement, le Paris Saint-Germain n’a plus les moyens de ses ambitions, et ne peut compter que sur les coups d’éclats de ses jeunes, qu’ils soient issus du centre de formation ou recrutés avant qu’ils ne deviennent d’excellents joueurs (Hoarau et Sessegnon par exemple) !

L’heure est donc à la recherche de nouveaux partenaires, Colony capital n’ayant manifestement pas l’intention d’injecter de nouveaux fonds dans le club avant d’avoir réussit son « coup immobilier », bien qu’il s’en défende. Or, ces nouveaux partenaires ne se bousculent pas "au portillon", crise (et mauvaise image du club) oblige.

Le Parc des Princes, clé des succès futurs ?

La concession du Parc des Princes par la Mairie de Paris court jusqu’en 2014. Elle est pour l’instant accordée à la SESE (Société d’Exploitation Sports Evènements), dont le propriétaire est… Colony Capital.

Celui-ci souhaiterait transformer cette concession en bail emphytéotique (entre 18 et 60 ans), afin d’amortir le coût des futurs travaux. Et de développer de nouvelles formes de commercialisation, telles que le "naming" (rebaptiser le Parc), ce qui est loin d’être du goût des supporters parisiens.

L’appel d’offres a donc été lancé, mais Colony Capital n’est pas le seul en lice. Après le retrait du Consortium du Stade de France, il reste un adversaire redoutable, Jacky Lorenzetti, président du Racing-Métro (Top 14 de rugby) et fondateur de Foncia.

Des sources proches du dossier estiment que l’offre de Jacky Lorenzetti aurait des chances d’aboutir. Ce qui constituerait une catastrophe financière pour le PSG, qui devrait alors s’acquitter de son loyer auprès d’un autre que Colony (actuellement 5 M€ par an), sans aucun retour sur investissement, et supporter également les charges liées à la rénovation du stade, d’autant plus que le président du Racing-Métro a lui aussi un projet de diversification économique pour le stade de la Porte de Saint-Ouen…

Autant dire qu’en cas d’échec, Colony Capital risquerait fort, soit de faire déménager le club (Stade de France ?), soit de se retirer du Paris Saint-Germain…

Le nom du vainqueur de l’appel d’offres sera dévoilé fin 2010, début 2011. D’ici là, les supporters parisiens se seront-ils calmés, et l’actionnaire majoritaire aura-t-il eu la patience d’endurer les quolibets et le désamour du public ?

Rien n’est moins sur, d’autant que si l’absence de recrutement au mercato d’hiver peut encore être digérée, il n’en sera pas de même en fin de saison.




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Publié dans Paris Saint-Germain

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M
<br /> Bien vu ;-) Désolé...<br /> Mais peut-être que Sébastien Bazin l'a écrit, "Vipère au point" ? Au contraire d'Hervé Bazin qui a écrit "Vipère au poinG" ? Comme quoi, faut toujours se relire :-) Sans rancune ;-))<br /> <br /> <br />
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R
<br /> "C’est dans ce contexte qu’Hervé Bazin, le représentant de Colony Capital, a tenté de rassurer ces supporters dans une "lettre ouverte", communiquée sur le site officiel du club en début de<br /> semaine."<br /> j'ignorais que Sébastien bazin était l'auteur de "Vipère au Point" :))<br /> <br /> <br />
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