Déficit des clubs de football français : 180 M€, record battu !!!

Publié le par Mad Marcus

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Chaque année la Direction Nationale du Contrôle de Gestion (DNCG) établit son rapport sur les finances des clubs professionnels français. Publié en fin d’année, L’Equipe a pu se procurer les premières conclusions de ce rapport.

 

Un déficit record

 

Et ces conclusions sont encore pires que ce qu’il était prévisible d’attendre. En effet, au début de l’été la LFP avait déjà tiré le signal d’alarme en prévoyant un déficit cumulé L1 + L2 de 100 M€, voire même proche de 150 M€. Il n’en sera rien ! En fait, la perte cumulée des clubs professionnels (L1 + L2) s’élève à 180 millions d’euros pour la saison 2009/2010 !

 

Il s’agit là du record absolu depuis la saison 2002/2003, où les pertes cumulées s’étaient élevées à 167 M€, une période noire que tout le monde croyait disparue, les clubs français s’étant, depuis rangé du côté de la vertu (à l’instar des grands d’Europe) et présentant, dans leur majorité, bon an, mal an, des comptes équilibrés.

 

Il est tout de même ironique de constater que ce déficit record du football professionnel français survient l’année même où l’UEFA, inspirée du modèle français, a lancé son grand projet de fair-play financier, selon lequel les clubs ne devront plus, à partir de la saison 2012/2013, dépenser plus qu’ils ne gagnent…

 

La faute à l’affaiblissement des "exportations" françaises

 

Dans ce chiffre faramineux de 180 M€, il est évident que c’est la Ligue 1 qui se taille la part du lion, avec 140 M€ de déficit cumulé pour ses 20 clubs. La raison en est très simple en cette période de crise : la principale source de revenus des clubs français, avec les droits télévisuels, est le produit de la vente des joueurs. Or, la crise financière touchant tous les championnats, peu de joueurs de "gros" calibre ont été vendus par les clubs français la saison passée, par contre ils ne se sont pas privés de casser la tirelire pour attirer des joueurs du calibre de Lisandro Lopez, Gabriel Heinze ou Lucho Gonzalez…

 

Dès lors, le calcul est vite fait : si la balance des exportations est inférieure à la balance des importations, il y a un déficit dans les comptes des clubs, un tel déficit ne pouvant être comblé par les seuls droits télés : l’OM, champion de France 2009/2010, a gagné plus de 50 M€ à ce titre, mais avait dépensé au préalable une somme supplémentaire avec les arrivées de Lucho, Heinze, Mbia et Diawarra pour ne citer qu’eux.

 

Quel avenir pour les clubs français ?

 

La situation est plus qu’inquiétante dans la mesure où cet été les clubs français n’ont pas été vraiment vendeurs sur le marché européen. Fort judicieusement, la majorité du mercato a été franco-française (pour l’instant), mais l’avenir paraît sombre puisqu’il faudra, quoi qu’il arrive, ne plus compter sur l’exonération des 30% de droits à l’images, d’où des pertes financières plus importantes.

 

La situation est d’autant plus inquiétante que, logiquement, la DNCG veille et risque fort de prendre des mesures drastiques dès cet automne et les premiers incidents de paiement. Frédéric Thiriez, le président de la Ligue du Football Professionnel, ne s’y trompe pas en déclarant : « Même si le résultat net négatif du football français est à rapprocher des pertes individuelles de certains clubs anglais ou espagnols à elles seules supérieures à notre déficit, et même si l’endettement des clubs français de 140 M€ est à comparer aux 3 milliards de dette cumulée des clubs espagnols ou aux 4 milliards du football anglais, il n’en demeure pas moins que la situation est alarmante ».

 

Engager une réflexion en profondeur

 

Avant d’en arriver là, et si l’on considère que l’UEFA sera en mesure de faire appliquer strictement le principe du fair-play financier dans 3, on est tout de même en droit de se demander si le football professionnel, en tant qu’activité économique à part entière, est viable sous sa forme actuelle.

 

Ne faudrait-il pas plutôt engager une réelle réflexion sur son avenir, sur sa place dans l’économie en tant qu’activité spécifique, et, surtout, sur la philosophie de ce spectacle qui ne peut définitivement être économiquement rentable, sauf à gagner un maximum de compétitions (objectif qui est la cause directe de la course aux armements et de l’endettement croissant des grands clubs européens).

 

En d’autres termes, le modèle européen est-il viable sous sa forme actuelle, et ne devrait-on pas explorer des pistes alternatives sur le modèle des ligues fermées américaines, puisque le football de haut niveau doit rester avant tout un spectacle, et que pour que le spectacle soit de bonne qualité il est nécessaire d’avoir de bons artistes enrôlés dans les meilleures "entreprises de spectacle" ? Pas sûr que le football soit perdant dans cette hypothèse…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Publié dans DNCG

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