Les capitaux troubles s’immiscent dans le foot français
Philippe Ginestet a donc fini par "passer la main", et Julien Fournier, l’ancien secrétaire général de l’OM à l’époque de Pape Diouf, est devenu vendredi le 22ème président de l’histoire du Racing Club de Strasbourg.
Julien Fournier n’est en fait que le paravent d’une très récente société basée à Londres, créée pour l’occasion, la "FC Football Capital Limited", dirigée par deux personnes étrangères jusque là au monde du football : un français, Jafar Hilali, et un estonien, Roman Loban.
Lors de l’assemblée général puis du conseil d’administration du 4 décembre, la société "Racing Investissements" (créée en 2004 par Philippe Ginestet pour prendre le contrôle de la holding "Euro Racing", qui possédait 78% des parts de la SASP) a donc été cédée au "FC Football Capital Limited" pour environ 2,5 millions d’euros…
Il va de soit que personne ne sait rien de cette entité "londonienne", née en novembre à la City de Londres. Si ce n’est que les nouveaux propriétaires se seraient engagés à injecter dans le club strasbourgeois 10 millions d’euros d’ici 2 à 3 ans. Quant à Julien Fournier, lui-même reconnaît qu’il a rencontré les investisseurs londoniens pour la première fois dans le courant du mois de juillet…
Après le traumatisme généré par l’expérience IMG / Mc Cormack, cette nouvelle aventure débute dans l’incertitude et les craintes multiples. Ce n’est certainement pas la situation sportive du club qui a motivé les investisseurs (au matin de l’assemblée générale, Strasbourg occupait la 18ème place du classement de Ligue 2), mais plutôt le tissu économique strasbourgeois qui recèle un véritable potentiel financier, et, "last but not least", un stade en passe d’être reconstruit en vue de la candidature de la France pour l’Euro 2016, avec l’idée sous-jacente d’en faire un véritable complexe économique, à l’instar des nouveaux stades anglais ou allemands. La municipalité strasbourgeoise a d’ailleurs prévu de contribuer à ce projet à hauteur de 160 millions d’euros, auxquels s’ajoutera une partie des 150 millions d’euros "offerts" par l’Etat, que la candidature de "France 2016" soit retenue ou pas par l’UEFA.
Julien Fournier ne s’y est pas trompé en mettant en avant cet aspect lors de sa première conférence de presse en tant que Président Directeur Général : « Il y a tout pour refaire un club important », et de souligner, à niveau égal, « l’enthousiasme populaire » et le projet d’agrandissement du stade historique de la Meinau (qui devrait passer à 42.000 places).
Quant à l’origine des capitaux que s’apprête à injecter la "FC Football Capital Limited", rien n’a filtré pour le moment. Philippe Ginestet, le président sortant, s’est seulement efforcé de désamorcer les critiques qui commencent à pointer : « Il ne faut pas faire de délit de faciès. Nous vivons dans un monde globalisé. Il faut l’assumer ». C’est tellement plus simple de le dire !
En tout état de cause, les ambitions de la nouvelle direction sont pour l’instant mesurées. Avant tout se maintenir en Ligue 2, puis rebâtir sur du "solide", en redonnant aux alsaciens confiance en leur équipe phare.
A l’issue de la première journée de direction effective du club, les nouveaux hommes forts du club strasbourgeois n’ont pas dû être totalement rassurés : pour le compte de la 17ème journée de Ligue 2, leurs joueurs perdaient à nouveau à Nîmes (1-2) et s’enfonçaient à une 19ème place synonyme de relégation….
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