Le talent, cet obscur objet du désir...

Publié le par Mad Marcus

FFF.jpgLe fait est définitivement entendu, même si mathématiquement l’Equipe de France peut encore se qualifier pour les huitièmes de finale, grâce à un concours de circonstances plus qu’improbable, cette équipe n’a pas de talent et ne laissera aucune trace dans la mémoire collective, si ce n’est certains relents de rancœurs, d’incompréhension et d’énervement liés à son impuissance. Et pourtant ses joueurs qui la composent n’en manquent pas, eux de talent, mais une des règles intangibles du sport en général et du football en particulier est que l’adition de talents individuels n’est pas forcément un gage de réussite collective.

 

L’Histoire nous enseigne qu’à défaut d’être une grande Nation de football, la France a réunit, à plusieurs reprises, des hommes qui, derrière un leader de classe mondiale, avaient su créer une alchimie fragile que l’on nomme LE talent d’une équipe. En 1958, Raymond Kopa montrait la voie aux Fontaine, Jonquet et Piantoni. Dans les années 1982-1986, c’était au tour de Michel Platini de prendre la relève, et d’emmener sur les toits de l’Europe et du Monde les Giresse, Tigana, Rocheteau, Fernandez et autres Bossis. Enfin, en 1998-2006, Zinédine Zidane était sur une autre planète, et omis le couac de 2002, Les Thuram, Petit, Lizarazu, Deschamps, Barthez et Henry faisaient rêver le Monde.

 

Autre explication, qui va de pair avec celles-ci : à chaque fois, cette constellation de talents formait une équipe talentueuse grâce au travail d’un homme, le sélectionneur : Jean Batteux en 1958, Michel Hidalgo en 1982-1984, Aimé Jacquet en 1998. Ce n’est pas faire offense à leur qualité de dire que Michel Henri en 1986 et Roger Lemerre en 2000 n’ont fait que suivre le train du talent solidement lancé par leur prédécesseur.

 

Or qu’en est-il en 2010 ? L’équipe de France est composée d’une myriade de talents individuels, qui brillent pour la plupart dans leurs clubs respectifs, mais qui ne retrouvent pas, en un jour, un "guide" auprès de qui ils auraient envie de se dépasser. Sans tomber dans la caricature du "sportif trop payé et je-m’en-foutiste", force est de contester que ces joueurs, lorsqu’ils arborent le maillot bleu frappé du coq, n’ont rien à voir avec les Anelka ou Malouda de Chelsea, le Ribéry du Bayern, le Patrice Evra de Manchester United, l’Abidal de Barcelone, ou encore le Gourcuff de Bordeaux… Encore que pour ce dernier l’explication soit certainement ailleurs, on n’est pas le seul joueur de l’Equipe de France à savoir orthographier « papa » avec 2 "p" et prononcer une phrase de plus de 6 mots en employant un sujet, un verbe et un complément, le tout en respectant la concordance des temps, sans subir des représailles….

 

Entre une attitude, en dehors et sur le terrain, détestable, et un égo largement encouragé par un sélectionneur national qui semble confondre le rôle de meneur d’hommes avec celui de catalyseur, qui n’a pas trouvé les mots pour faire prendre conscience à des joueurs talentueux qu’ils étaient capables de former une équipe talentueuse, Raymond Domenech est devenu le symbole d’un système obsolète avant même d’avoir été mis au point (car le jour du "nécessaire" procès il ne faudra pas oublier à la barre des accusés un Jean-Pierre Escalettes (président de la FFF) totalement dépassé et un Gérard Houiller (DTN) qui partage une grande part de responsabilité dans ce fiasco). Le résultat de cette triste épopée sud-africaine : un désamour total des français envers leur Equipe de France, des jeunes joueurs, à quelques exceptions près, arrogants, mal-éduqués et égoïstes, des starlettes en devenir qui finiront très certainement par oublier en route le peu de talent individuel qu’ils avaient reçu en héritage…

 

La tâche de Laurent Blanc s’annonce ainsi immense, mais également exaltante, puisqu'il a tout à reconstruire, et nul doute qu’il saura parfaitement s’y atteler, lui qui sait ce que veut dire le mot talent, et qui a le potentiel pour le conjuguer harmonieusement au pluriel, quitte à "oublier" en gare ceux qui ne méritent plus que l’on s'intéresse à eux ! Car le talent, c'est comme l'honneur, si on ne l'utilise pas, il se perd...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Publié dans Equipe de France

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