Le DIC va coûter 4,7 M€ à l'OM... Le Top 14 menacé aussi
Après l’Assemblée Nationale, qui avait voté l’amendement mettant fin à l’exonération de charges sociales pour le droit à l’image collective (DIC), puis le Sénat, qui n’était pas revenu sur cette disposition, contrairement aux souhaits de la Secrétaire d’Etat chargée des Sports, la commission mixte paritaire du Parlement validera mercredi la suppression du DIC au 30 juin 2010, alors que ce dispositif devait initialement exister jusqu’à la fin de la saison 2011/2012.
Par la voix de son président, Jean-Michel Aulas, l’Olympique Lyonnais avait immédiatement estimé la perte que cette suppression représentera pour son club : 6 M€. A son tour, l’Olympique de Marseille vient de rendre public le coût de cette suppression : 4,7 M€.
Contrairement au souhait des clubs concernés, qui demandaient que les contrats en cours ne soient pas concernés par cet amendement, la disparition du DIC, qui permet à ces clubs d’exonérer de charges sociales jusqu’à 30% de la rémunération de leurs joueurs, entrera en vigueur, sans exceptions, à la fin de la saison.
En d’autres termes, les règles du jeu vont changer en cours de partie, et les contrats en cours signés avec les joueurs, qui prenaient en compte cette exonération de 30% de charges sociales, devront être, au mieux revus, au pire dénoncés… Ce qui, de toute façon, équivaudra à une perte financière, plus ou moins importante, pour les clubs.
Jean-Claude Dassier a ainsi déclaré que, « au-delà de l’OM, je tire une conclusion inquiétante pour le football français. Vous savez, quand il y a moins de foin dans l’écurie, les chevaux se battent. C’est exactement ce qui va se passer. Dans un environnement économique qui n’est pas facile, où les comptes des clubs ne sont pas excellents, je trouve que cette brutale et imprévisible suppression du DIC va avoir de très mauvaises conséquences ».
Lorsque l’on voit les difficultés qu’ont les dits clubs à boucler un budget prévisionnel équilibré susceptible d’être agréé par la Direction Nationale du Contrôle de Gestion (DNCG), on imagine bien qu’un "trou" de l’ordre de 6 M€ pour l’OL ou de 4,7 M€ pour l’OM risque de faire mauvais effet au moment de passer devant le "gendarme financier" du football français en juin prochain.
Par ailleurs, le football est loin d’être le seul sport touché par cette suppression. Sur les 1444 joueurs professionnels relevant du DIC, 658 évoluent dans le football, 625 dans le rugby , 142 dans le basket et 20 dans le handball.
Et s’agissant du rugby, les conséquences de cette suppression s’annoncent, à en croire l’Union des Clubs Professionnels de Rugby (UCPR), catastrophiques. Ainsi, poursuivant son combat (d’arrière-garde ?), l’UCPR a voté à la quasi-unanimité (15 voix sur 17) "l’arrêt du championnat tant que cette loi ne sera pas abrogée". La Ligue Nationale du Rugby (LNR) n’est, quant à elle, pas aussi extrémiste, et reconnaît qu’il va être difficile d’infléchir le cours des choses.
Néanmoins, les clubs de rugby restent inflexibles pour l’instant et maintiennent leur mot d’ordre de grève pour la prochaine journée du Top 14. Ainsi, Mourad Boudjellal, le président du RC Toulon, annonce que « le Top 14 s’arrêtera dès samedi prochain et il en sera ainsi jusqu’à nouvel ordre. L’économie du rugby est récente et elle est donc très fragile. Il faut que le gouvernement mesure l’impact que peut avoir cette réforme. Une telle loi peut avoir des conséquences irrémédiables sur le devenir de plusieurs clubs. Nous n’exigeons pas que le DIC soit prolongé au-delà de 2012, mais nous demandons qu’il soit maintenu jusqu’à cette date-là, comme voté initialement. L’Etat doit tenir parole ».
Néophyte dans le monde du sport-business, le rugby français semble prêt au bras de fer, alors que le monde du football professionnel, qui en a vu d’autres, se contente d’estimer ses futures pertes financières…
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