En route vers le néant !

Publié le par Mad Marcus

FFF.jpgA 48 heures de ce qui devait normalement constituer les adieux des Bleus à la Coupe du Monde 2010, et de ce que toute la France espérait voir comme une opération rachat, un sursaut d’honneur de la part de joueurs indignes de leurs prédécesseurs, la délégation française s’est singularisée en offrant le spectacle d’une minable tartuferie au Monde entier !

 

Non content de s’être montrés sous un triste jour sur le terrain, les Bleus se sont donnés en spectacle ces deux derniers jours, entrainant dans leur sillage toute l’organisation d’un football français qui n’en demandait pas tant, tellement elle semblait se complaire dans son rôle de triste bouffon depuis des années…

Les Bleus en panne de talent collectif

Comme je le soulignais dans un précédent billet, cette génération de Bleus n’aura eu de cesse de démontrer, depuis des années, que l’addition de talents individuels ne suffit pas pour faire naître un talent collectif.

 

Comme l’Histoire nous l’a enseigné à diverses reprises, à défaut d’être une grande nation de Football, la France a sût réunir quelquefois des hommes talentueux qui se retrouvaient derrière un leader de classe mondiale. En 1958, Raymond Kopa montrait la voie aux Fontaine, Jonquet et Piantoni. Dans les années 1982-1986, c’était au tour de Michel Platini de prendre la relève, et d’emmener sur les toits de l’Europe et du Monde les Giresse, Tigana, Rocheteau, Fernandez et autres Bossis. Enfin, en 1998-2006, Zinédine Zidane était sur une autre planète, et hormis le couac de 2002, Les Thuram, Petit, Lizarazu, Deschamps, Barthez et Henry faisaient rêver le Monde.

 

Mais à chaque fois, l’alchimie a fonctionné grâce à un fédérateur technique et tactique que l’on nomme "sélectionneur" : Jean Batteux en 1958, Michel Hidalgo en 1982-1984, Aimé Jacquet en 1998. Ce n’est pas faire offense à ceux-ci de dire que Michel Henri en 1986 et Roger Lemerre en 2000 n’ont fait que suivre le train du talent solidement lancé par leur prédécesseur.

Un collectif qui n’a jamais existé depuis 6 ans !

Depuis la nomination à la tête de l’Equipe de France de Raymond Domenech, cette notion de talent collectif forgée par un sélectionneur semble s’être évaporée, comme par enchantement ! Et ce n’est pas l’épopée allemande de 2006 qui démontre le contraire, l’équipe s’étant fédérée derrière Zinédine Zidane et, malgré les dénégations de Domenech, s’étant prise elle-même en charge….

 

Mais alors comment en est-on arrivés à la situation de cet été 2010 ? L’équipe de France est composée d’une myriade de talents individuels, qui brillent pour la plupart dans leurs clubs respectifs, mais qui sont incapable de se trouver un "guide" auprès de qui ils auraient envie de se dépasser. Sans tomber dans la caricature du "sportif trop payé et je-m’en-foutiste", force est de constater que ces joueurs, lorsqu’ils arborent le maillot bleu frappé du coq, n’ont rien à voir avec les Anelka ou Malouda de Chelsea, le Ribéry du Bayern, le Patrice Evra de Manchester United, l’Abidal de Barcelone, ou encore le Gourcuff de Bordeaux… Encore que pour ce dernier l’explication soit certainement ailleurs, on n’est pas le seul joueur de l’Equipe de France à savoir orthographier « papa » avec 2 "p" et prononcer une phrase de plus de 6 mots en employant un sujet, un verbe et un complément, le tout en respectant la concordance des temps, sans subir des représailles….

Et pour couronner le tout, une mutinerie !

Raymond Domenech avait prévenu, bien avant la Coupe du Monde : les égos surdimensionnés devront rester dans les valises ! Il aura suffit de deux matches pour se rendre compte que tout ce petit monde avait pris soin de l’emmener avec eux cet égo.

 

Et la machine infernale s’est mise en route au moment même où les joueurs et le sélectionneur étaient en train de se rendre compte qu’ils ne parviendraient pas à venir à bout de mexicains très moyens. De bouderies en insultes, le capharnaüm du vestiaire allait finir par apparaître dans la presse, et la FFF allait enfin pouvoir montrer au Monde entier qu’à l’instar de ses joueurs, elle possédait du talent à revendre ! Réactions de coqs (peu sportifs, ceux-là), grandes phrases, principes portés en étendard, Nicolas Anelka était viré séance tenante, et Raymond Domenech présenté comme le seul coupable d’une catastrophe annoncée depuis des mois.

 

Jusqu’au moment où les Bleus eux-mêmes décidaient de se prendre en main et de ne pas s’entraîner, utilisant, comble de l’humiliation, Raymond Domenech comme un simple attaché de presse. Le grand cirque médiatique pouvait commencer : Duvergne, le préparateur physique, piquant une crise de nerfs, Valentin, le Directeur administratif de la FFF "démissionnant" en direct, les joueurs faisant une aimable séance de dédicace, le tout sous les yeux d’un Jean-Pierre Escalettes, tout de même président de la FFF, en survêtement les mains dans les poches, se demandant ce qu’il faisait là plutôt que d’être au chaud dans sa maison de retraite à taper le carton avec ses amis grabataires !

La risée du Monde

Ah oui, Jean-Pierre Escalettes se souvenait quand même un peu de la raison de sa présence et annonçait, dès la mascarade sud-africaine clôturée, la tenue d’un Conseil Fédéral d’urgence. Mais avec quelle légitimité ? Entre une attitude, en dehors et sur le terrain, détestable, et un égo largement encouragé par un sélectionneur national qui semble confondre le rôle de meneur d’hommes avec celui de bouffon, le résultat de cette triste épopée sud-africaine aura été un désamour total des français envers leur Equipe de France, des jeunes joueurs, à quelques exceptions près, arrogants, mal-éduqués et égoïstes, des starlettes en devenir qui finiront très certainement par oublier en route le peu de talent individuel qu’ils avaient reçu en héritage, et surtout une image déplorable d’un football français dépassé par les évènements et digne des mélodrames que nous avions l’habitude de voir avec les équipes africaines il y a une trentaine d’année…

 

Le mal est trop profond pour se permettre de faire l’économie d’une table rase. Une génération entière de joueurs s’est auto-sacrifiée en ce mois de juin 2010, et il faudra des années pour que le football français retrouve un semblant de crédibilité. A l’heure où le football de clubs redevenait un peu plus compétitif, les instantes dirigeantes ont montré que la France en était encore à la préhistoire du siècle dernier. La faute à un système fédéral qui reproduit ses "élites", ou à un mal bien français qui ne sait pas gérer le succès d’une génération dorée (1996-2000) finalement plus spontanée que construite patiemment ?

 

Le fait est qu’une réaction forte est aujourd’hui nécessaire, et qu’elle passe par la mise à plat d’un "système à la française" qui a montré ses limites, à l’heure où les acteurs du terrain ne sont plus que des post-adolescents capricieux, choyés et coupés de la vraie vie, sous peine de laisser le football français dans son néant actuel pour des années encore...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Publié dans Equipe de France

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G
<br /> <br /> Les dirigeants de la FFF sont tout de même un peu responsables de ce qui se passe en équipe de France. Bien sur ils sont élus mais leur ministre de tutelle a tout de même le droit de s'exprimer<br /> et de leur demander un peu de bienséance. Il ne faut pas oublier les pépinières que sont les clubs de nos villages où des bénévoles<br /> entrainent nos futurs champions. Tout doit être fait pour permettre la motivation de ces petites structures qui ne vivent que pour le plaisir du jeu et qui ont été pour le moins troublées par<br /> l'attitude de leurs héros et l'indifférence des dirigeants de la 3F (association régie par la loi de 1901) mais au fait sont ils bien eux aussi bénévoles ???<br /> <br /> <br /> <br />
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D
<br /> <br /> Quelle triste affaire... Les bleus et leurs dirigeants n'ont pas fini de subir le ressentiement des français...<br /> <br /> <br /> <br />
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